Les photographies de l’artiste espagnole Emiliana Pérez, dans sa série « Autoretratos« , proposent une lecture picturale de cet exercice de style classique qu’est l’autoportrait.
La lumière devient son pinceau pour dessiner, dans une énergie érudite et une esthétique savante, les portraits d’une femme plurielle, au regard démultiplié à travers le mouvement.
En effet, l’image n’est plus figée, mais elle cristallise une séquence, ou plus exactement, plusieurs moments intimes qui se superposent, définissant ainsi non pas un instant, mais une séquence de vie sur la pellicule.
Ce mouvement nous fait évidemment penser aux portraits de Francis Bacon et trahit cette même volonté et cette énergie d’annuler l’aspect figé des portraits conventionnels des siècles passés.
Pourtant, le traitement en clair-obscur de cette série hautement esthétique brouille les pistes et nous plonge également dans la peinture des grands maîtres du baroque : Le Caravage, bien sûr et Rembrandt, indubitablement, ne sont pas très loin…
C’est là où réside justement le trouble que provoquent les photographies d’Emiliana Pérez : la temporalité est maltraitée, secouée et agitée. En fait, on ne sait plus très bien à quelle époque se réfèrent ses photographies, exactement. Les fichus sur la tête de l’artiste ressemblent à ceux des dames de la Renaissance, ou à d’autres archétypes féminins du classicisme grec, quant au maquillage blanc et aux lèvres rouges, cela pourrait renvoyer aux Précieuses du xviiie siècle…
Autant d’images, autant de femmes qui se confondent et se fondent à travers le regard de la photographe Emiliana Pérez.
Vous l’aurez bien compris, celle-ci ne se borne pas à se photographier, mais cherche à délimiter les contours d’une pluralité, à décrire la lignée des générations du passé l’ayant conduite à s’incarner dans le présent de cette vie.
Emiliana Pérez vit et travaille à Hervàs, dans la province d’Extremadura, en Espagne.
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